Dans cet article, nous vous expliquons pourquoi il est important de bannir les plastiques de votre conservation alimentaire. « D’ici 2050, toutes les espèces d’oiseaux marins mangeront du plastique régulièrement » (National Geographic). Choquant, mais peu étonnant : 6,9 milliards de tonnes de déchets plastique ont été produits depuis 2015 dans le monde et 79% ont fini dans la nature. Et, c’est sans surprise le marché de l’emballage qui se place sur la première marche du podium des déchets plastique. Le secteur de l’agroalimentaire constitue le premier client de ce marché avec 65% des débouchés en Europe. Les plastiques sont-ils tous à mettre dans le même sac ? Quelles conséquences ont-ils sur notre santé ? On vous dit tout.
Plastiques et plastiques alimentaires
Il existe sept principaux types de plastique : PET (Polytéréphtalate d’éthylène), PEHD (Polyéthylène à Haute Densité), PVC (Polychlorure de vinyle), PEBD (Polyéthylène basse densité), PP (Polypropylène), le PS (Polystyrène) et les autres. Tous se distinguent les uns des autres par leur composition et leur utilisation finale. Bien que des avancées aient vu le jour concernant les matières premières des plastiques, la source première de fabrication reste le pétrole. Par exemple, pour fabriquer 1 kg de PET, il faut 1.9 kg de pétrole brut.
L’ensemble des plastiques alimentaires génère une production colossale de déchets : 40% est destiné à un usage unique. En France, ce pourcentage augmente jusqu’à 45,5 % selon Muryel Jacque (Journaliste au service Marchés, Les Echos, 2020).
Dans le secteur de l’agroalimentaire, le plastique le plus utilisé est le PP. Il sert pour la fabrication de barquettes réutilisables, de gobelets ou de bouchons de bouteille. Ce plastique présente des avantages comme sa rigidité et sa souplesse. Il est considéré comme le plastique le moins dangereux, mais il présente également des inconvénients, comme tous les autres plastiques.
Avec l’avancée de la recherche sur les risques de contamination, les précautions d’utilisation des plastiques alimentaire se sont multipliées. Par exemple : « jeter les emballages de plastiques présentant des signes d’usure », « ne jamais réchauffer un plastique au micro-ondes ». Une complexité difficile à appliquer au quotidien, une ignorance des risques qui perdure… et des effets sur la santé humaine qui ne feront que s’amplifier si on y change rien.
Les principaux risques des différents plastiques :
Type de plastique | Utilisation | Problèmes |
PP (polypropylène) | Barquettes réutilisables, gobelets, bouchons de bouteille, tasses… | Pas considéré comme dangereux mais des additifs lui sont ajoutés pour lui rajouter des propriétés. Ces additifs pourraient migrer dans les aliments. |
PET (polyéthylène téréphtalate) | Bouteilles d’eau, sacs plastiques de cuisson, barquettes… | Migration de traces de trioxyde d’antimoine : cancérigène si exposition à la chaleur. |
PEHD (polyéthylène haute densité) | Bouteilles de lait, boîtes alimentaires rigides… | Migration de substances chimiques vers les aliments non égale à zéro. |
PVC (polychlorure de vinyle) | Film étirable | Peut contenir des phtalates et du Bisphénol A, migration de substances chimiques toxiques. |
PEbd (polyéthylène basse densité) | Sacs de congélation, sacs de grandes surfaces, bols jetables… | Migration de substances chimiques vers les aliments non égale à zéro. |
PS (polystyrène) | Gobelets, couverts jetables, emballages yaourts… | Contient du styrène qui migre lors du chauffage, cancérigène pour l’humain. |
Divers autres (polycarbonate…) | Biberons | Migration de Bisphénol A dans les aliments. |
Source : voir bibliographie en fin d’article
Zoom sur… l’usage du PET dans les sachets de thé
Un thé infuse à 95°C. Une étude canadienne publiée dans ACS Environmental Science & technology en 2019 a prouvé qu’à cette température, il y avait un relargage de plus de 2 millions de particules de plastique d’une taille comprise entre 1 et 150 micromètres et près de 15 milliards de particules mesurant moins d’1 micromètre. L’article affirme “qu’au bout du compte, ce sont 13 à 16 microgrammes de plastique qui finissent dans l’eau d’un simple tasse de thé.”
Le PCV, utilisé dans la fabrication de certains sacs de conservation alimentaire
Le PVC quant à lui peut relarguer des phtalates dans les aliments, ce qui provoque l’apparition de certaines tumeurs du foie et du testicule (Inserm. Expertise Collective : Cancer et environnement. 2008). Lors d’une soudure thermique sur un sac en plastique contenant des aliments, le risque est probablement multiplié.
De plus en plus de plastique sont controversés, voire interdits, à cause de leurs effets sur la santé humaine et des dégâts qu’ils causent sur l’environnement. Les industriels se sont donc mis à chercher des alternatives. Sont-elles toutes plus saines ?
Le cas du Tritan
Prenons l’exemple du Tritan, un polyester fabriqué par l’entreprise Eastman, qui détient une certification “Apte au Contact Alimentaire”. Le tritan a été conçu notamment pour remplacer le polycarbonate dans le quotidien alimentaire*. Mariah Blake, reporter chez Mother Jones, affirme que sur les conseils de Sciences, l’entreprise Eastman a commandé une étude sur la structure moléculaire et la teneur en œstrogènes synthétiques de substances données. Cette étude montre que le Tritan, censé être sans danger, contient une composantes, le phosphate de triphényle, qui montre une activité œstrogénique plus importante que le BPA. Le couvercle plastique des boîtes alimentaires en plastique “Tritan” pourrait donc présenter une activité œstrogénique (inutile de préciser que l’industrie du plastique américaine s’est démenée pour contrer ces observations lors de batailles juridiques et scientifiques qui ont duré plusieurs années).
L’alternative saine au plastique : le verre
A la maison, dans nos placards et nos frigos, nos aliments sont traditionnellement conservés dans des boîtes en plastique. Il faut aujourd’hui prendre en compte leur dangerosité sur la santé et adopter :
• un mode de conservation plus sain pour l’environnement et pour votre santé,
• un mode de conservation dont l’inertie des matériau ne peut pas être compromise par des facteurs externes comme la température (en cas de fortes chaleurs, de soudure, de passage au four par exemple).
Le verre est plus énergivore dans sa fabrication, mais :
• sa matière première existe en grande quantité sur la planète (sables, roches),
• il est recyclable et/ou durable (le verre borosilicate ne se recycle pas encore, mais sa solidité le rend extrêmement durable),
• il est inerte : aucune migration de molécule ne s’opère entre une boite et son couvercle en verre (les deux doivent être en verre) et vos aliments.
* Souvenez-vous : le Polycarbonate était par exemple utilisé dans la fabrication de biberons. Des études menées par L’EFSA (European Food Safety Authority) ont été faites en 2015, réévaluées en 2019 puis de nouveau en 2022. À forte dose, le BPA nuirait aux reins, au foie, mais également au système reproducteur. L’usage de ce plastique est dorénavant interdit dans la fabrication de biberons dans l’Union Européenne.
Bibliographie
M. JACQUE. La crise du plastique en 10 graphiques. Les Échos. 2020. [en ligne].
EFSA. Bisphénol A. 2022. https://www.efsa.europa.eu/fr/topics/topic/bisphenol
RANDSTAD. Fin du plastique à usage unique, l’agroalimentaire innove. 09 Février 2022 [en ligne].
NATIONAL GEOGRAPHIC. Le plastique en 10 chiffres [en ligne].
J. LETOURNEL, JC. LETAVERNIER, O. ROULLAND, A. THIBAULT, V. BEN OTHMANE, M. TRICHÈS, S. DJETEBAYE. L’industrie française de l’emballage en chiffres. 2008 [en ligne].
OOREKA. Polypropylène et santé [en ligne].
M. BLAKE. L’emballage écologique. 22 Février 2016 [en ligne].
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